Et si la mobilisation des outils d’intelligence collective au sein de nos organisations préparait notre consentement à la marchandisation en cours des soins de santé, de la culture ou de l’éducation ?
La marchandisation de notre secteur associatif n’est plus un scénario catastrophe, mais le reflet de la mise en œuvre d’un projet politique mettant en péril les ressorts démocratiques de notre société comme le dénonce l’initiative «Touche pas à mon asbl». En effet, aujourd’hui le gouvernement fédéral est en passe de supprimer la loi 1921 sur les asbl en considérant que la majorité de celles-ci ont une activité économique et de les intégrer dans le droit classique des sociétés.
Dans ce mouvement transformant les échanges non marchands en marchandises, de nombreuses organisations tentent de se réinventer en faisant appel à un concept flou, l’intelligence collective, dont l’utilisation courante se rapporte à diverses techniques d’animation de groupes.
L’intelligence collective renforcerait la démocratie au sein des organisations en favorisant participation de chacun.e, la cohésion au sein des groupes alliant efficacité et plaisir dans la facilitation et la prise de décision collective. A l’inverse, elle ne laisserait pas suffisamment de place aux débats conflictuels, travaillant à la recherche du consensus à tout prix. Certain.e.s voient même dans ses affinités avec la sociocratie, voire avec l’holacratie, une forme d’appropriation du renouvellement de la technologie managériale développée pour pacifier, libérer les entreprises, responsabilisant et favorisant la créativité des travailleurs au service de l’efficacité et de la performance de leur seule entreprise. Désormais aux Pays-Bas, toute entreprise fonctionnant avec la sociocratie est autorisée à ne pas avoir de représentation syndicale !
Au vu de l’actualité politique, on peut se demander si l’intelligence collective aujourd’hui mise en œuvre au cœur de nos associations ne constitue pas une ruse de plus, ce cheval de Troie du management et du capitalisme culturel, à même de s’insinuer dans tous les pans de la société, y compris du non marchand et avec une complicité consciente/inconsciente de beaucoup pour faciliter son entrée ? Résister à la marchandisation du monde n’en passe-t-il pas par une prise de conscience du contenu idéologique de l’intelligence collective ? Quel usage éthique pour celles et ceux qui animent cette méthode peut-on opposer aux dérives de l’intelligence collective ?
http://www.pac-g.be
Présence et Action Culturelles - Générale
Adres
Rue Lambert Crickx 5
Code postal
1070
Ville
Anderlecht